Contexte

Bien que le niveau de formation ait progressé au cours des dernières décennies, le taux d’échec en formation initiale reste important. En 2009, 1 jeune sur 5 a quitté le système scolaire sans aucun diplôme ou avec le seul brevet des collèges alors que le marché du travail devient de plus en plus sélectif. Les jeunes sans diplôme sont non seulement statistiquement plus exposés au risque de chômage, mais ils ont aussi plus de chance de subir la précarité de l’emploi. Parmi les jeunes sortis depuis 1 à 4 ans de formation initiale et qui sont en emploi, la proportion de ceux qui occupent un emploi précaire est environ deux fois plus élevée pour les jeunes détenteurs du brevet ou sans diplôme que pour les jeunes diplômés du supérieur. Aussi, l’insertion professionnelle des jeunes sans qualification fait l’objet d’une attention particulière et constitue le lieu d’interventions croisées de l’Union Européenne, de l’Etat, de la Région et des communes, imbriquant compétences légales et actions volontaristes. De nombreux dispositifs existent qu’il s’agisse, en amont, de lutter contre le décrochage scolaire ou, plus tard, pour favoriser l’insertion dans l’emploi ou la formation des jeunes sortis du système éducatif.

Si le diplôme conserve un caractère protecteur, celui-ci tient moins à un contenu spécifique (les savoirs) qu’à un ensemble de compétences mobilisables. La professionnalisation contribue ainsi à la sécurisation des parcours de vie et ne doit pas être ignorée au profit de la seule qualification. C’est dans cet esprit que sont mis en place des dispositifs d’accompagnement, comme le contrat d’insertion dans la vie sociale (CIVIS) qui a pour ambition d’accompagner des jeunes de 16 à 25 ans éloignés du marché du travail jusqu’à ce qu’ils obtiennent un emploi durable, ou que les partenaires sociaux s’accordent sur la mise en œuvre d’un programme d’accompagnement individuel pour l’accès à l’emploi des jeunes demandeurs d’emploi. La transformation de l’ingénierie de formation accompagne cette évolution des dispositifs. Elle porte sur une gestion par flux, en entrée-sortie permanente des stagiaires, avec une adaptation des contenus de formation aux besoins individuels. Le rapport entre le formateur et le stagiaire se modifie en offrant la possibilité au formé d’engager une démarche pro-active proche de l’auto-formation ou de la formation à la carte. Ainsi le dispositif tel que l’Ecole de la deuxième chance vise tout autant à délivrer des compétences qu’à favoriser la sécurisation d’un parcours d’insertion professionnelle. Son fonctionnement en alternance joue un très grand rôle puisque non seulement, il favorise l’accès direct à l’emploi, mais il offre également des situations de rencontres favorables à la professionnalisation. L’Ecole de la deuxième chance peut être, ainsi, considérée comme une étape de la construction d’une trajectoire beaucoup plus large, construction à laquelle participent les acteurs politiques, les services d’information et d’orientation (CARIF, PAIO), les services prescripteurs (Pôle emploi, mission locale, maison de l’emploi), les organismes de formation et les employeurs.

Tous ces acteurs partagent une même difficulté : le manque d’outils d’évaluation de l’impact de leurs actions réciproques sur la sécurisation des parcours professionnels et des trajectoires de vie. Elles sont évaluées à travers des critères quantitatifs, principalement le taux d’accès à l’emploi des bénéficiaires. Les indicateurs existants proposent des instantanés de l’état d’avancement des parcours à un moment T, le plus souvent à l’entrée et à la sortie d’un dispositif particulier. Ils sont majoritairement axés sur l’emploi ou la formation et ne reflètent pas l’ensemble des interventions qui participent à la levée des freins périphériques (santé, logement, transport par exemple). Plus encore, ces indicateurs ne permettent pas d’observer l’intégralité et la cohérence des interventions, ne reflétant qu’une partie de l’impact des actions d’insertion (quantification des sorties positives en emploi ou en formation). C’est pourquoi le projet ETAPE propose une réflexion partagée entre experts scientifiques et acteurs de territoire sur la construction d’indicateurs qualitatifs reposant pour partie sur la reconstruction, avec les jeunes, de leur trajectoire jusqu’à la formation et à l’apport de cette formation. L’expertise du projet ETAPE aboutira à la mise en lumière de nouveaux indicateurs sur les acquis de la formation, les compétences en auto-formation.